Jeux du Québec 2023 : Une compétition fondamentale dans la progression d’un arbitre

Cela fait bientôt plus d’une semaine que la 57e édition des Jeux du Québec a pris fin. La folie habituelle accompagnant cet événement sportif disparaît peu à peu et le monde du soccer a repris son cours normal. Du 25 au 29 juillet dernier, nous avons couvert la réalité de ces athlètes, leur performance, les résultats de leurs matchs et l’ensemble de l’expérience unique que vivent ces jeunes joueurs et joueuses. Mais qu’en est-il des arbitres? Acteurs et actrices de l’ombre de cette compétition, voici un retour sur leur réalité et l’importance des Jeux sur le parcours d’un.e officiel.le de soccer au Québec.
La sélection
Ils sont 48 arbitres venant d’un peu partout dans la province. Ne se connaissant pas pour la plupart, ils deviendront rapidement une famille pendant cette expérience considérée comme un rite de passage dans la progression d’un arbitre. La majorité est choisie par les Associations régionales de soccer (ARS) qui sont dans l’obligation d’envoyer au moins deux arbitres, un masculin et une féminine aux Jeux, peu importe l’âge et le niveau. Les autres sont sélectionnés à partir du Programme Excellence Provincial (PEP) qui regroupe les meilleurs arbitres du Québec. Ces derniers ont la responsabilité non-officielle d’encadrer celles et ceux envoyés par les ARS qui ont habituellement moins d’expérience.
La préparation
Avant de partir pour Rimouski afin de débuter les Jeux du Québec 2023, les arbitres ont pris part à un camp fermé d’une durée de deux jours à Rivière-du-Loup. L’objectif est d’effectuer une mise à niveau et de s’assurer qu’ils sont sur la même longueur d’onde puisqu’ils n’évoluent pas tous et toutes dans les mêmes catégories dans leur région respective. « On va venir standardiser certaines notions, offrir du développement et voir des thèmes qui vont leur servir pendant la compétition », explique Nathanaël de Wilde, directeur à l’arbitrage chez Soccer Québec.
On peut prendre par exemple le rôle du quatrième officiel qui est présent dans tous les matchs de la compétition. Si certains ont déjà occupé cette position sur le terrain, ce sera la première fois pour d’autres. Or, avoir la chance de le faire dans le cadre des Jeux du Québec est une expérience bénéfique pour toutes et tous.
« J’avais déjà été le quatrième officiel dans des matchs de Ligue1 Québec ou de LSEQ [Ligue de soccer élite du Québec] mais de le faire dans le contexte des Jeux c’est spécial étant donné que ce sont des joueurs qui eux, n’en ont jamais eu. C’est encore plus important parce que c’est notre rôle de prendre tout le fardeau de ce qui se passe à l’extérieur du terrain et de l’empêcher de rentrer dans le match et de devenir une distraction pour l’arbitre au centre », nous explique Ali Chraibi, un arbitre faisant partie du Programme Excellence Provincial qui a participé à sa première édition des Jeux du Québec cette année.
La compétition
Pendant cinq jours, les 48 arbitres ont passé la majorité de leur temps ensemble. Résidant dans les hébergements du cégep de Rimouski, ils se rencontraient à tous les matins à la cafétéria pour déjeuner avant de quitter pour le site où les premiers affrontements débutaient à 8h00. Ils demeuraient aux terrains toute la journée, utilisant cette opportunité pour observer les matchs et échanger avec les évaluateurs et évaluatrices présents dans les gradins.
Arbitrant tous au moins un match par jour, ils ont eu la chance d’occuper tous les postes, soit celui d’arbitre au centre, arbitre-assistant et quatrième officiel. Ils recevaient leur assignation la veille et en profitaient pour se réunir et discuter de leur match afin d’être prêt pour le lendemain.
Le soir, des séances théoriques étaient organisées durant lesquelles ils analysaient en groupe des séquences de match dans le but de faire du développement et de clarifier certaines notions moins bien acquises. C’était aussi à la fin des journées que les arbitres en profitaient pour décompresser et faire des activités qui n’étaient pas reliées à l’arbitrage comme aller chercher une crème glacée, question de resserrer les liens au sein du groupe.
Huit arbitres récompensés pour leur travail
Les finales masculines et féminines des Jeux se sont déroulées le samedi 29 juillet. Pour les arbitres, être sélectionné pour y participer est un honneur et une motivation tout au long de la compétition. Plusieurs facteurs sont pris en compte comme la performance lors des matchs, l’attitude sur les terrains et à l’extérieur ainsi que le comportement en groupe.
« C’est une petite fierté surtout après toutes ces années à avoir participé à différentes compétitions. Je pense qu’au final, c’est un travail qui a été fait sur le long terme et tout le quatuor a travaillé fort pour y arriver », affirme humblement Ali Chraibi, l’un des huit arbitres récompensés. Il était l’arbitre centrale lors de la finale masculine, une position qu’il affectionne particulièrement. « Personnellement, je préfère le rôle d’arbitre au centre parce qu’il y a plus de responsabilités et il y a plus de flexibilité. La manière qu’on interagit avec les joueurs va vraiment influencer le match donc j’aime profiter de cette flexibilité au niveau de ma personnalité », décrit-il.
Une opportunité d’apprentissage incomparable
En plus d’avoir la chance d’arbitrer plusieurs matchs, les arbitres côtoient pendant cinq jours des évaluateurs et évaluatrices qualifiés qui sont sur place pour les observer et les aider à s’améliorer.
« C’est la meilleure expérience au niveau développement au Québec. Une douzaine d’évaluateurs sont présents pour évaluer tous les matchs. Ils ont tous beaucoup d’expérience et de connaissances sur le métier d’arbitre », assure Nathanaël de Wilde.
Marie-Josée Charbonneau, arbitre-assistante lors de la finale féminine des Jeux Olympiques 2016 à Rio, était une des évaluatrices présentes à Rimouski. Elle abonde dans le même sens que le directeur à l’arbitrage en mettant l’emphase sur l’importance de cet événement sportif dans la progression d’un arbitre québécois. « Tous les arbitres qui ont monté au niveau élite sont passés par les Jeux du Québec », indique celle ayant participé à ses premiers Jeux en 2001 à Lachine.
Elle continue en comparant son rôle d’évaluatrice des arbitres à celui d’une entraîneure. « Je dois faire en sorte que l’équipe performe au plus haut niveau et je dois leur fournir des outils à utiliser dans la compétition, mais aussi dans leur région respective par la suite », soutient-elle.
Une comparaison qui a du sens lorsqu’on constate la camaraderie et le sentiment d’appartenance qui se développent tout au long des Jeux du Québec pour ce groupe d’arbitres. Pour ces jeunes hommes et femmes venant d’un peu partout au Québec, d’âges différents et n’évoluant pas tous et toutes au même niveau, la passion de l’arbitrage est tout ce qui leur faut pour devenir une famille le temps d’une compétition.